Tu vas parler ?!

Il resta quelques instants sans bouger, attendant que l’autre se relève. Il ne semblait pas vouloir tenter de s’enfuir, mais il fallait faire attention. S’il avait envie de fuir, il n’allait pas non plus le crier sur tous les toits, il était parfaitement capable de mentir. La punition serait d’autant plus sévère. Mais il était aussi vrai que peu de gens osaient défier l’autorité de Leopold. En tant que chef des gardiens depuis l’ouverture de la Queercity, il avait pu se forger facilement une réputation. Et pour les gardiens, la réputation était une chose primordiale : Un fort ne risquait rien ou presque, on avait trop peur de lui. Un faible serait l’objet des habitants les plus intelligents, et il devenait indispensable de l’éliminer. Si par sa faute les prisonniers de Queercity se rebellaient, c’était tous les autres gardiens qui payaient pour son faux pas.

Il prit fermement Nathaniel par l’épaule, et se dirigea d’un pas sec et rapide vers le poste de « Police ».

Le trajet fut rapide, silencieux. A cette heure, les rues étaient déserte, le commissariat aussi d’ailleurs. Quand il entra, Leo ne trouva que deux personne à l’intérieur. Elles étaient là pour surveiller que, pendant la nuit, aucun habitant audacieux n’ose essayer de commettre un quelconque vol, ou bien un attenta. Les deux personnes le saluèrent les premier. Ce ne ut qu’après que le jeune gardien posa son regard sur eux, pour leur rendre d’un très léger mouvement de tête leur salut. Mais il n’avait pas de temps à perdre en politesse. Il appuya un peu plus sur l’épaule de Nath, et l’entraina vers la salle d’interrogatoire, dans la quelle il le poussa d’un léger coup de genoux dans les fesses avant d’y entrer à son tour, pour fermer la porte à clé.

Il s’adossa à cette dernière, et fixa Nath avec un sourire sadique, un peu fou. Il lui désigna d’un geste de la tête une chaise en bois, sur la quelle était posé un coussin, et dessus, un tissu blanc, qui n’était même pas dissimulé. Il était utilisé pour récolter la sueur des personnes interrogée qui ne manquaient pas de transpirer abondement, dans cet atmosphère lourde et stressante. Les tissus étaient ensuite conservés à l’abri de l’air, et étiqueté, afin de pouvoir retrouver à l’aide de chiens les détenus s’ils tentaient de se cacher à un moment quelconque de leur séjour à Queercity.

Il se dirigea ensuite d’un pas lent vers un fauteuil plus confortable, de l’autre côté du bureau sur le quel in s’installa calmement. Leopold croisa ensuite les bras sur le bureau. Il était en apparence d’un calme serein. Il se reprit à fixer l’adolescent et il finit par briser le silence d’une voix froide :

-Alors, comment as-tu rencontré cet homme, depuis combien de temps le consultes tu, qui est au courant de sa petite affaire ?

Le chemin les menant au poste lui sembla interminable. Sa main sur son épaule, le forçant à avancer, ne lui laissait aucune possibilité de fuite même si elle n'était pas prévue de toute façon. Les rues semblaient désertes à cette heure mais ce n'était qu'une impression. Le jeune homme savait très bien que les autres habitants se cachaient en voyant arriver les Gardien-chef. De plus ils n'avaient rien à faire dehors à cette heure et leur présence aurait été suspecte. Chacun s'employait donc à demeurer le plus discret possible. Pourtant, lui ne manqua pas de les remarquer, la force de l'habitude peut être. Leopold, lui, ne fit aucune remarque, peut être ne les avait-il tout simplement pas remarqué, ou alors il les ignorait pour se concentrer sur sa petite prise du jour.

Lorsqu'ils entrèrent dans le poste, deux gardiens saluèrent leur chef. Nathaniel les connaissait, les ayant souvent vu surveiller le marché comme la majorité des gardiens d'ailleurs. Leopold leur fit un signe de tête avant de le pousser vers une salle d'interrogatoire. La pièce était petite, sombre et angoissante. On avait presque l'impression de pouvoir entendre les cris des habitants qui étaient passés avant lui. Nathaniel entendit le son de la clé dans la serrure, ils étaient maintenant enfermés. Cette idée lui donna un frisson. Doucement le jeune homme se décida enfin à se retourner pour faire face au gardien. Ce dernier était adossé à la porte et lui souriait, mais ce sourire n'avait rien d'amical ou de réconfortant au contraire.

Nathaniel s'installa sur la chaise de bois que lui indiqua Leopold tendit que lui s'installait sur la chaise de l'autre côté du bureau. Le silence alourdissait encore l'atmosphère de la pièce. Soudain sa voix brisa le silence comme un coup de tonnerre déchirant le calme d'une nuit d'été. Le jeune homme devait répondre ou la situation empirerait. Toutefois, il ne pouvait se permettre de dire la vérité, il mentirait donc.

"C'était la première fois que je le voyais. J'ai entendu des rumeurs sur cet homme qui retrouvait les proches contre un peu d'argent. J'ai fait courir le bruit que je voulais l'embaucher. Un matin j'ai trouvé un mot sur ma porte. C'était lui qui me donnait rendez-vous. Mais vous nous avez surpris. Pour ce qui est des personnes au courant vous devriez le demander à Stanley..."

Face à cette déclaration, Leo ne silla pas. Il se contenta de s’appuyer un peu plus sur ses avant bras eux même posés sur le bureau. Même s’il avait dit la vérité, Leopold aurait été persuadé qu’il mentait. Ils mentent tous, toujours. Il y a toujours quelque chose de plus à savoir. Même quelque chose qui n’avait aucun rapport. Tout était bon à savoir. Mais pour l’heure, il devait savoir en priorité si les dires étaient vrai ou non. Il s’occuperait d’essayer d’en savoir plus tard, une fois qu’il serait sûr qu’il n’avait plus rien à apprendre de Stanley par ce gringalet. Il redressa donc légèrement le visage, remit une de ses mèches pâle derrière son oreille, et reprit sur le même ton que la fois précédente :

-Comment as-tu rencontré cet homme, depuis combien de temps le consultes tu, qui est au courant de sa petite affaire ?

Et il répéterait ces mots autant de fois qu’il le fallait. Il n’avait jamais échoué à un interrogatoire. Enfin… C’est ce qu’il pensait bien sûr. Mais on finissait toujours pas lui dire quelque chose d’intéressant, ou par lui faire croire quelque chose de non vérifiable, quelque chose qui ferait souffrir ou mourir quelqu’un d’autre, mais qui laissait en vie pour encore un certain temps. Si l’on s’obstinait à garder le silence, Leo descendait à la salle de torture. Et si même là on lui résistait : il jugeait que la personne devenait inutile, et c’était cette raison qu’il lui donnait alors qu’il lâchait les chiens sur leur corps ensanglanté, pour que les animaux l’achèvent à sa place.

Il enleva ses coudes du bureau, et s’adossa dans son fauteuil, quelques instants, avant de se baisser pour ouvrir une petite armoire qui se trouvait en dessous de celui-ci. Il en sortit un verre et une bouteille où se trouvait un liquide ambré. Il en versa une bonne quantité, et rangea la bouteille. Il porta a ses lèvres le verre qui contenait maintenant un alcool fort dont il ignorait le nom. Les gardiens avaient du pouvoir certes, mais pas au point de pouvoir se payer un bon petit Wiski Ecossais… Ils devaient parfois se contenter d’une « chose alcoolisé au goût indéfini ». Boire un peu le faisais devenir souvent plus violent : cela empêchait son subconscient de venir le déranger en lui rappelant que la silhouette entre ses mains avait un nom une vie et une histoire.

Visiblement il ne l'avait pas cru. Nathaniel n'en fut pas étonné, Leopold avait la réputation de ne faire confiance qu'à lui même et de considérer que tous mentaient. Il est vrai que la plupart des habitants de la Queercity avaient appris à mentir pour leur survie. C'était ici aussi important que de savoir rester en bonne santé ou savoir trouver de la nourriture. Il fallait savoir mentir aux gardiens biensûr mais aussi aux autres habitants. Il n'était en effet pas rare que ses colocataires vous volent le peu de vos biens pendant la nuit. Ne faire confiance à personne était un peu comme un credo si on voulait vivre ici.

"Je vous l'ai dit, c'était la première fois que je le voyais. J'ai entendu des rumeurs sur cet homme qui retrouvait les proches contre un peu d'argent. J'ai fait courir le bruit que je voulais l'embaucher. Un matin j'ai trouvé un mot sur ma porte. C'était lui qui me donnait rendez-vous. Mais vous nous avez surpris. Pour ce qui est des personnes au courant vous devriez le demander à Stanley... C'est la vérité !"

Sa voix tremblait à peine. Bien sûr, Nathaniel avait mentis mais s'il voulait s'en sortir il devait à tout pris s'accrocher à cette version qui après tout n'était pas si éloigné de la vérité. La seule chose qui était fausse c'était la façon dont il avait pris contact avec Stanley. En réalité c'était un de ses amis, si toutefois on pouvait accepter que l'on puisse avoir des amis dans cette ville, qui les avaient mis en relation. Cet homme était un des chefs de file de la contrebande. Il fallait donc à tout pris le protéger ou l'ensemble du réseau tomberait. Et puis, il ne fallait pas non plus négliger le fait que pour se venger il ferait surement assassiner Nathaniel. Les assassinats étaient monnaie courante de toute façon et il passerait probablement inaperçu.

Le jeune homme tenta donc de rester calme sur sa chaise en bois, observant le gardien-chef en train de se servir de l'alcool de contrebande. Il n'y avait pas de quoi s'étonner, les gardiens étaient les premiers à profiter de ce trafic car ils étaient ceux qui avaient les moyens d'acheter toute cette marchandise illégale. Officiellement, ils se contentaient de la confisquer mais officieusement, ils étaient les premiers clients des contrebandiers. Néanmoins, en cas de problème, ou sur un coup de tête, ils organisaient des rafles et gardaient pour eux tout ce qu'ils avaient trouvé. Encore un des nombreux avantages de leur position de gardien.

Leopold élargit son sou sourire. Sans le savoir, Nathaniel venait de commettre une erreur monumentale. Le gardien en était maintenant persuadé : son captif avait mentit. La preuve était là : Nathaniel avait répété mot pour mot ce qu’il avait dit précédemment. Quelqu’un qui disait la vérité avait mille et une façons de relater ce qui s’était passé, et sous la colère d’être soumis à une telle injustice, il s’énervait toujours un peu plus à chaque fois qu’il devait parler. Sa façon de dire était toujours différente, mais la version elle, restait toujours la même. Un menteur lui, de peur de se tromper, et de dire une chose différente une fois sur l’autre, avait apprit un texte, une excuse, quelque chose au cas où il se fasse attrapé et interroger. Et comme un robot, il récitait son récit, encore et encore. Andrews venait de se trahir, et maintenant, quoi qu’il fasse, le gardien chef ne le lâcherait pas avant d’avoir la vérité.

Nathaniel cherchait il à protéger quelqu’un ? Essayait-il de cacher une erreur encore plus importante que celle pour la quelle il se trouvait ici ? Les deux ? Leo allait le découvrir, et cela prendrait le temps qu’il faudra, il avait l’habitude des interrogatoires qui durait plusieurs heurs, plusieurs jours… Ils finissaient par craquer, tous ! Les pousser à bout, jusqu’à la folie s’il le fallait : c’était sa philosophie. L’adolescent, malgré son jeune âge, ne ferait pas exception, il y passerait comme les autres.

Leopold, effaça volontairement le sourire de son visage, et il posa tranquillement son verre sur le bureau, avant de prendre appui avec la paume de ses mains sur ce dernier, et se relever doucement. Il se mit alors à marcher, les mains croisées derrière le dos, ne faisant plus attention à Nath. Il se dirigea vers la fenêtre, et se mit à fixer pensivement au dehors quelques instants. La fenêtre était sécurisée de 5 barreaux de fer, et on pouvait voir derrière une grande place, celle-ci même où avaient lieu les exécutions publiques, pour l’exemple. Sur la potence, se balançaient 4 corps inanimés, dépouillé de leurs vêtements par les habitants les plus démunis, un autre qui devait être là depuis trop longtemps, gisait sur le sol. De là où il était, Leopold pu apercevoir des rats grignoter le cadavre. Il se mit alors de profil, pour pouvoir avoir dans son champ de vision ce spectacle, ainsi que l’adolescent à qui il jeta un regard significatif : s’il refusait de collaborer, le prochain corps à se balancer à la brise légère du matin pourrait bien être le sien.

Il se remit ensuite face à l’homme, et s’adossa nonchalamment au mur.

-Comment as-tu rencontré cet homme, depuis combien de temps le consultes tu, qui est au courant de sa petite affaire ?

Il ne le quitta alors plus du regard.

Nathaniel ne devait pas parler. Il savait très bien que s'il oser dénoncer les autres, ces derniers le tueraient sans le moinde remords. C'était la règle contre les traitres et tous la connaissait. Il devait se borner à sa version peut importe le prix à payer. Mourir était une option envisageable. Au moins il ne mourait pas en étant considéré comme une balance. Mais son honneur était il plus important que sa vie? Son père lui avait souvent dit qu'un homme cessait d'en être un lorsqu'il perdait son honneur. Mais le jeune homme ne l'avait jamais cru. Pourtant aujourd'hui il pensait que se faire tuer en conservant son honneur était plus important que d'être vu comme un traitre. Cet endroit l'avait changé. Avant d'entrer ici, il aurait protéger sa vie et son intéret sans même y réfléchir. Maintenant il serait prêt à mourir pour concerver son honneur. Mais après tout dans la Queercity, son honneur était tout ce qui nous restait. La dernière chose qui faisait d'eux des hommes dans ce monde ou on s'évertuait à leur faire croire qu'ils n'étaient que des animaux.

Nathaniel remarqua le sourire du Gardien-chef disparaitre lentement alors qu'il se levait de sa chaise. Marchant maintenant dans la pièce, le jeune homme tentait de ne pas chercher à le regarder. Il devait faire abstraction de ton ça. De ses pas qui résonnaient dans son dos, de son souffle qui planait dans l'air, de cette atmosphère angoissante. Il devait tout oublier. Et surtout ne pas regarder les corps suspendu au bout de leur corde qu'il pouvait entrevoir par la fenêtre à côté de laquelle Leopold c'était placé. La menace était claire. Voilà ce qui attendait Nathaniel s'il refusait de coopérer. Il détourna le regarde pour fixer le mur qui se trouvait face à lui. L'homme vient alors se placer sur ce même mur et lui reposa sa question. Le Gardien-chef reposa alors la question, la même, au mot prêt. Son regard le fixait si intensement que nathaniel ne pouvait le soutenir et baissa la tête avant de répêter pour la troisième fois sa version d'une voix clair et la plus calme possible.

"Je vous le re-dit, c'était la première fois que je le voyais. J'ai entendu des rumeurs sur cet homme qui retrouvait les proches contre un peu d'argent. J'ai fait courir le bruit que je voulais l'embaucher. Un matin j'ai trouvé un mot sur ma porte. C'était lui qui me donnait rendez-vous. Mais vous nous avez surpris. Demander à Stanley si vous ne me croyez pas!"

Leopold comprit bien rapidement que ce mioche avait la tête dure. C’était clair : il cherchait à protéger les autres. Encore un qui cherchait à jouer les héros… Mais ils finissaient tous par craquer, le gardien avait de l’expérience maintenant. Et si au début de sa carrière il s’était laissé attendrir, ou duper, il n’en était maintenant plus question. Il arrivait à cerner les gens, il savait ceux qui jouaient la comédie, ceux qui étaient innocents, ceux qui étaient près à collaborer sans problèmes, et ceux qu’il fallait un peu pousser… Il avait de bons arguments. Mais il préférait ne pas y aller trop fort au début, il fallait y aller en crescendo, sinon, cela n’avait aucun effet. De toutes façon, cela prendrai le temps qu’il faudrait… Mais ce gringalet parlerait, il n’échapperait pas à la règle. Et vu son comportement, Leo avait une idée toute trouvée pour lui délier la langue…

Il croisa les mains sur son ventre, et s’approcha doucement, et calmement, de Nathaniel. Il passa pour commencer devant lui, puis, il se glissa dans son dos, et posa ses paumes sur ses épaules. Il lui caressa la nuque avec l’un de ses pouces, puis, il se pencha à son oreille pour lui souffler :

-Tu es bien téméraire… N’as-tu pas peur de la mort ?

Il le lâcha par la suite, pour retourner près de la fenêtre, et à nouveau, il regarda au dehors. La Queercity se réveillait lentement. Déjà quelques hommes trainaient sur la place, la plus part rasaient les murs. L’un d’entre eux s’approcha de la potence, il avait l’air terrifié. Il regarda nerveusement autour de lui, et il attarda son regard vers le post de police. Peut être avait il vu Leo par la fenêtre, peut être un autre gardien, mais en tous cas, l’homme s’enfui en courant.
Le blond eut alors un spasme de dégout. Il savait qui était ce genre de personne : des hommes désespérés, et morts de faim qui n’avaient plus qu’à manger de la viande humaine. Ou bien ceux qui profitaient du malheur des autres, et qui vendaient sur le marché cette chaire, en la faisant passer pour du bœuf, du porc et autre… quoi qu’il en soit, celui là devait être un débutant : les habitués venaient la nuit. Mais il arrivait parfois que quelques gardiens les attendent pour les surprendre, car la chose était bien entendu interdite. Les corps des pilleurs venaient alors remplacer deux des morts.

Il secoua la tête pour s’ôter de la tête qu’il avait peut être lui aussi déjà manger ce genre de « met », et il s’adossa à nouveau au mur, pour reprendre d’une voix toujours calme, mais légèrement plus menaçante qu’au début :

-C’est la dernière fois... La dernière fois que je te laisse possibilité de répondre sans punition… Comment as-tu rencontré cet homme, depuis combien de temps le consultes tu, qui est au courant de sa petite affaire ?

Nathaniel fixait à présent la table qui se trouvait devant lui comme pour tenter d'oublier tout le reste. Malheureusement, le jeune homme savait pertinemment que cela était impossible. Comment aurait-il put oublier ou il se trouvait. Cet enfer dans lequel on l'avait enfermé il y a un an. Cette ville où il avait cessé d'être un homme pour devenir un esclave. Un endroit où la seul chose qui lui restait était son honneur, cette dernière parcelle d'humanité, ce petit rien qui l'empêchait de mettre fin à sa triste vie de prisonnier. Et là, cet homme qui se tenait devant lui, entendait rompre le fil auquel il se raccrochait désespéremment.

Nathaniel entendit Leopold bouger mais garda les yeux baissés pour ne pas avoir a croiser son regard mais sentit soudain ses mains sur ses épaules et son pouce lui caresser la nuque ce qui le fit frissonner. Le jeune homme détestait ce contact de sa peau sur la sienne et en eu presque la nausée. Ces mains qui avaient torturé et tué touchaient à présent son cou. Nathaniel se crispa en sentant son souffle à son oreille et blémit en entendant la menace.

Peu importe si c'est le prix pour avoir dit la vérité...

Sa voix était loin d'être assurée et tremblait à chaque mot. Heureusement, le gardien s'éloigna enfin de lui et il put enfin calmer les battements de son coeur qui s'emballaient malgré lui. Ce dernier se dirigea vers la fenêtre pour reposer à nouveau sa question. Nathaniel savait très bien ce qu'il risquait à garder sa version pourtant les mêmes mots sortirent à nouveau de sa bouche. Le jeune homme avait presque fini par les croire vrai. Après tout il s'était tellement préparé pour apprendre cette version qu'il en avait fini par la croire réelle...

Il pouvait bien dire ce qu’il voulait, l’habitant avait peur, et cela s’entendait dans sa voix. Encore une preuve qu’il mentait ! Mais il était téméraire, il voulait protéger les autres. Et cela allait devenir sa faiblesse… Car comme l’avait dit Leo, il y aurait maintenant des sanctions. Mais ces punitions n’étaient pas forcément ce que l’on pouvait croire au début. Il ne se contentait pas d’un petit coup de cravache, d’une nuit en garde à vu, ou autres blessures ou humiliation… Il y avait aussi le plan psychologique qu’il fallait travailler. Et Les braves étaient très facilement manipulables. Tous ces habitants bien intentionnés devenaient faibles dès qu’on touchait aux autres. Oui, les autres étaient leurs points sensibles, et Leopold n’avait aucuns scrupules à se servir des innocents pour faire avouer les coupables. Et si on y réfléchissait bien… Tous les habitants étaient en quelque sorte coupables de toute façon, oui, coupable d’homosexualité !

L’homme ne dit rien, et s’avança doucement vers son bureau, et il passa derrière. Non loin sa chaise, accroché au mur, il y avait un tableau noir. Il efface avec un chiffon qui y état accroché les divers écrits qui y étaient déjà, puis, il prit une craie, et dessina un bâtonnet, tout simple. Il reposa ensuite calmement la craie, et se tourna vers Nath, croisant les mains devant lui.

-Tu vois le bâtonnet là ? Et bien c’est quelqu’un qui va mourir, par ta faute… Un pauvre petit innocent pris au hasard dans la rue qui ira remplacer les voleurs de farines qui se balancent déjà joyeusement sur la potence.

Il reprit alors la craie en mains, puis, il posa à nouveau ses yeux sur l’habitant, et haussa des épaules pour dire sur un ton parfaitement détaché :

-A toi de voir si tu veux que je dessine d’autres petits bâtons…

Il s’éclaircit la voix, et attendait un peu, pour laisser le temps à Nathaniel de réfléchir, et de bien se rendre compte de la situation. Dorénavant, à chaque fois qu’il mentirait, quelqu’un mourrait : il payera à sa place. Un mensonge : une exécution. Voilà comment il fallait procéder avec ceux qui voulaient jouer au héros.

-Comment as-tu rencontré cet homme, depuis combien de temps le consultes tu, qui est au courant de sa petite affaire ?

Nathaniel se doutait que le Gardien-chef ne croyait pas sa version de l'histoire mais il n'allait pas en changer maintenant. Il devait tenir bon, rester concentrer et tout se passerait bien, du moins aussi bien que cela était encore possible. Comment les choses avaient-elles put en arriver là. Le jeune homme avait seulement voulu retrouver sa famille et voilà qu'il risquait de perdre la vie. Il avait du mal à y croire pourtant tel était les règles de la Queercity. La loi des gardiens était inaltérable et aujourd'hui c'est lui qui en faisait les frais. Lorsque Leopold dessina un bâton sur le tableau noir, Nathaniel ne compris pas de quoi il s'agissait et les mots qui l'expliquèrent résonnèrent un moment dans sa tête. Comment pouvait-il menacer de tuer des innocents pour le faire parler ?

Mais vous êtes fou ! Vous ne pouvez pas tuer des innocents alors que je ne fait que vous dire la vérité !!

Nathaniel s'était levé pour prononcer ces mots qu'ils avaient aussitôt regretté d'ailleurs. Il n'était absolument pas en position de le critiquer et encore moins de le traiter de fou. Le jeune homme n'avait plus qu'à espérer qu'il ne lui en tienne pas rigueur. Malheureusement l'espoir était plus que faible, il était inexistant. Plus le temps passait et plus il se demandait s'il sortirait vivant de cet endroit. Il avait peut-être finir sa vie au bout d'une corde devant la foule des curieux. Son corps serait alors sans doute ramassé pendant la nuit et mangé par les autres. Le jeune resta debout, face au gardien, le regard vers le sol, une voix fragile.

Je vous répète que je ne le connais que depuis aujourd'hui et que personne n'est au courant...

Le gardien attendit sans siller une réaction de la part de son prisonnier. Celle-ci ne tarda pas. Furieux, il s’était levé pour protester, d’une façon que Leo n’apprécia que peu d’ailleurs. Sans s’énerver, il se remit face au tableau noir, et fit un nouveau bâton à côté de l’autre. Il punissait le mensonge et l’insolence… Il refit face à Nathaniel, et s’avança vers lui. Prenant sa cravache d’un geste sec, il vint caresser ma joue de l’adolescent avec le bout de l’objet. Puis, violemment, sans prévenir, il y donna un puissant coup, et soupira, avant de se reprendre. S’énerver ne servirait à rien, aussi, ce fut d’un ton tout à fait paisible qu’il lui dit :

-Je suis gentil, je ne fais qu’une marque… La prochaine fois que tu oseras m’insulter, je ferai autant de bâtons sur ce tableau qu’il y aura de syllabes dans ta phrase, est-ce clair ? Assis !

Il croisa les bras et attendit une réponse. Il ne se donnait même plus la peine de poser la question. Il était clair que tant qu’il n’aurait pas obtenu ce qu’il voulait, il ne le laisserait pas en paix… Il avait assez de café à sa disposition pour tenir comme cela plusieurs heures, ce qui était loin d’être le cas du jeune garçon. Tôt ou tard, il finirait par craquer. Tant à cause de l’odieux chantage que lui faisait subir le gardien chef, que de la fatigue et du stress qui devaient déjà être en train de prendre possession de lui.

L’autre comprit, et lui répondit une nouvelle fois par un mensonge. Mais cette fois ci, il avait commit une erreur. Leo sourit, et retourna près du tableau, pour y faire une nouvelle marque. Un menteur se trahissait toujours, toujours ! Et cette petite graine de pseudo héro lui en donnait une nouvelle fois la preuve. Il retourna d’un pas très lent vers le jeune homme, son visage rayonnant de ce sourire satisfait et sadique. Ses doigts pianotaient sur le manche de sa cravache, qu’il avait laissé bien en évidence.

-N’ai-je pas été assez clair tout à l’heure ? J’ai dis assis !

Il commençait par le remettre en position d’infériorité pour ensuite continuer d’une voix plus ferme que précédemment :

-Tu ne le connais que depuis aujourd’hui c’est cela hein ? Donc en une seule matinée, tu as entendu parler de lui, lui de toi, il t’a donné rendez-vous, et tu as été le voir… Intéressant tout cela… Quoi qu’un peu rapide, tu ne trouves pas ? A ce propos... Si personne n'est au courant... Comment ton nom est-il arrivé jusqu'à ses oreilles ?

Il marqua une pause, pour prendre transformer son sourire en une mimique faussement joyeuse et curieuse :

-Et inversement d'ailleurs... Comment aurais tu pu entendre parler de lui si "personne n'est au courant" ?