Envie de solitude...

Cela faisait quelques temps déjà que Ewen se trouvait dans cette ville sale et misérable. Et rien n'avait changé, ce qui le désespérait au plus au point. Il est vrai qu'il avait connu bien pire, mais là, il savait qu'il n'en sortirait jamais, et se simple fait le rendait furieux. Il se sentait comme un animal en cage, lui qui ne rêvait que d'une chose : être libre...

L'heure du couvre-feu était passé, mais le garçon s'en moquait éperdument. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'il enfreignait les lois, et il avait eu la chance de savoir disparaitre en un rien de temps pour éviter les gardiens.

Poussant un soupir de désespoir, il se demandait s'il n'était pas mieux de quitter ce bas monde pour retrouver son frère. Le regard plongé dans les étoiles, il repensait à Yves, et se dit qu'il devait sans doute lui manquer à lui aussi.

Entendant des bruits de pas, Ewen jeta un coup d'oeil autour de lui. La rue était une impasse, et s'il restait là, il se ferait prendre pour la première fois depuis son arrivée. Cette idée ne lui plus guère, et il alla vers un mur. De nombreuses infractuosités lui permettraient de grimper jusqu'au toit. Une bonne occasion de voir les étoiles de plus près...

Se collant au mur, il se mit à grimper avec souplesse, et il arriva rapidement en haut. Reprenant son souffle et rejettant ses cheveux en arrière, il s'installa sur les tuilles, et se mit à fredonner doucement pour tromper son enuis, tout en serrant son médaillon.

Ce fut sans aucun doute une mauvaise idée, car les bruits de pas s'arretèrent. Ewen se demanda si l'individu était en train d'escalader, et il se tint immobile, attendant que la personne daigne arriver jusqu'au toit...

Il venait de terminer son service… Il était déjà tard, il avait du rester plus longtemps que d’ordinaire, la nuit commençait à tomber. Il était fatigué et courbatu. Il n’avait qu’une envie, fumer une cigarette dans le calme. Toute la journée, il avait du courir après un groupe d’homme qui pratiquaient le marché noir, cela n’avait été que tumulte, pas un seul moment de tranquillité. Maintenant qu’il rentrait chez lui, les rues étaient désertes, tout le monde avait pour ordre d’être rentré. Les rues étaient sales, l’odeur était horrible, mais au moins, c’était calme.

Il trouva une impasse tranquille, il n’avait pas remarqué l’homme qui était monté sur les toits pour se cacher. Il s’adossa au mur, pour finalement trouver une vieille caisse de bois à moitié éventrée, et il y prit place. Il se croyait seul, et sortit son paquet de cigarette de sa poche. Ce genre de chose valait de l’or ici. Il regarda son bien quelques instants, avant de tirer une cigarette, et il l’allume. En tirant quelques bouffées, il perdit soudainement son air dur qui le caractérisait ici. Il reprit une face humaine, d’un gamin un peu pommé, qui ne savait pas trop ce qu’il faisait là.

Le visage bas, il jouait avec son pied à écraser et déplacer un petit tesson de verre qui était sur le sol. Il n’avait apparemment pas l’intention de bouger, et il bloquait le passage pour l’habitant qui se retrouvait coincé sur les toits, sauf s’il trouvait un autre moyen de descendre. Mais la plus part du temps, il y avait des barbelés, ou du verre sur les toits, pour empêcher les gens de s’y aventurer. Les endroits pour descendre où monter étaient rares si on ne voulait pas se blesser, gravement parfois.

La nuit était claire, pour une fois, il n’y avait pas ce nuage de fumée provenant des usines qui recouvrait la ville. Leo leva le nez vers le ciel où les étoiles commençaient à apparaître et eut un soupir. Il se détacha les cheveux d’un geste rapide, et secoua la tête pour qu’ils prennent une position naturelle. Il s’assit alors plus confortablement sur sa caisse, en tailleur, s’adossa au mur, fermant les yeux, et se mit à chantonner innocemment.

Tiens, finalement, celui qui s'était arrêté n'avais pas l'intention de bouger. Ewen soupira doucement. Bah, après tout, il était tout de même dans une position délicate, car il savait bien qu'il devait être le seul habitant assez fou pour se promener dans les rues après le couvre-feu. Il en conclu donc que c'était un gardien qui se trouvait en bas.

Une odeur de cigarette vint jusqu'a lui et le fit tirer une grimace : il avait en horreur les cigarettes, probablement parceque son père en fumait. Mais bon, là n'était pas la question.

Il s'llongea de tout son long sur les tuiles, et il regarda le ciel comme un gamin qui prends la clé des champs et qui se retrouve en train de regarder ces petits diamants incrustés dans la nuit allongés dans un champs de blé ^^.

Cette idée assez poétique lui plut, et il se la garda dans un petit coin de sa tête. Un bruit lui fit dresser l'oreille, mais il se calma bien vite : c'était juste le gardien qui chantonnait. D'ailleur, il avait une assez belle voix...

Mais malgrès tout, Ewen se posa une question tout de même essentielle : comment allait-t-il descendre si ,comme il l'avait pensé, la personne était un gardien ? Il ne pouvait pas descendre par l'autre côté, la lune lui montrait des débrits de verre et des barbelés. Bah, il n'aurait qu'a attendre que le gardien parte... Mais si celui-ci reste pendant un petit moment, il allait finir congeler, malgrès son manteau...

Il décida donc bon gré mal gré d'attendre, et il se remit à chanter très doucement, d'un pour ne pas révéler sa présence, et de deux pour ne pas déranger...

Leopold cessa de chanter, et rouvrit les yeux. Il avait soudain perdu ce petit air enfantin qu’il avait eu quelques secondes plus tôt. Il avait reprit sa mine sévère, dure, son expression habituelle de gardien en fait. Il écrasa sa cigarette d’un geste vif, quand il était ainsi en train de se relaxer, il percevait absolument n’importe quel son parasite. Et là, il ne pouvait se tromper, quelqu’un chantonnait en même temps que lui… Et si cette personne ne s’était pas montrée, c’était bien qu’elle avait quelque chose à cacher, et donc, c’était sûrement un habitant. Ou alors, un gardien fautif d’un quelconque méfait… Le tout maintenant était de le trouver, sans le faire fuir.

Il observa rapidement autour de lui, avant de se rendre compte que le bruit venait d’en haut. Parfait… Il était bloqué sur les toits. L’attraper allait donc être un jeu d’enfant. Mais il fallait le faire descendre de lui-même, où il s’en suivrait une course poursuite sur les toits où il n’était pas sur d’être vainqueur, et où en plus il risquait de se blesser. Non, il fallait ruser, et l’attirer hors de sa cachette. Mais dans un premier temps, le mettre en confiance, lui faire croire que la vie était libre…

Leopold en bon acteur n’omit alors aucun détail. Il sortit sa montre à gousset de sa poche, et l’ouvrit, ce qui fit un petit bruit significatif. Il soupira, et lâcha un juron. Sautant de sa caisse, il fit cracher les os de son dos en s’étirant, et il s’éloigna doucement. Mais, arrivé quelques mètres plus loin, il s’empressa de se débarrasser de ses chaussures, qu’il laissa dans un coin, et à pas de loup, il revint vers l’endroit qu’il venait de quitter.

Il se posta alors contre le mur, dans un coin d’ombre où il ne pouvait être vu de l’autre s’il tentait de descendre, et d’où il pourrait facilement lui sauter dessus dès qu’il pointerait le bout de son nez. Il pouvait sembler… Etrange qu’il s’acharne ainsi sur une seul et même personne, mais la plus part des gens qui violaient l’heure du couvre feu n’étaient pas net. Il y avait les charognards, ceux qui allaient récupérer les corps des pendus ou autre exécutés. Les trafiquants, qui allaient vers l’enceinte de la ville pour récupérer des marchandises. Il y avait aussi les « romantiques d’une sottise affligeante ». Ceux là tentaient de rejoindre quelqu’un d’autre, dans un lieu précis ou un simple appartement, et cela était bien entendu formellement interdit.

La personne d'en bas cessa brusquement de chanter. Ewen en fit autant. Il sentait déjà que c'était peine perdue, mais bon, il était trop tard pour revenir en arrière.

Prenant soin de ne pas bouger, le jeune breton écouta attentivement les bruits du gardien. Le bruit significatif d'une montre, ainsi qu'un juron lui indiquère que la personne devait s'en aller. Il entendit ensuites des bruits de pas, et une fois qu'il fut certain de ne plus rien entendre, il jeta un coup d'oeil en bas.

Rien personne, silence complet. Etant donné qu'a cette heure, il était normal de ne rien entendre, le gamin soupira et décida enfin de descendre, non sans quelques soupçons.

Le garçon commença donc à descendre avec souplesse en prenant ses appuis dans les anfractuosités du mur. Cependant, à un moment, il manqua un appuie, les parties du mur ou il se tenait se cassèrent sous son poids. Tombant en arrière, Ewen eu de la chance, car il réussit à retomber sur les jambes.

Néamoins, il avait la cheveille droite foulée, et le choc avait été rude pour son corps. Se tenant le pied en grimaçant, il ne tenta même pas de se lever la douleur étant trop forte...

[dsl, pas d'inspit]

Leopold attendait en silence, sa respiration même n’était plus audible. Il entendit alors au dessus de lui quelques pas hésitants. Bien, la bête sortait de son trou. Il n’y avait maintenant plus qu’à l’attraper, ou les attraper… Cela pouvait aussi bien être plusieurs personnes, dans ce cas là, la tache serait plus compliquée. Il se tapit un peu plus dans l’ombre, et prit nerveusement une grande inspiration. Ce n’était pas parce qu’il était gardien chef que ça empêchait certains de se défendre, parfois assez violemment. Avant ce genre d’intervention, il appréhendait toujours un peu. Il n’avait aucune idée de ce face à quoi il allait se retrouver.

La personne commença doucement à descendre, Leo aperçu alors ses jambes. Il avait l’air jeune, et frêle. Il préféra attendre qu’il ai finit de descendre avant de lui sauter dessus. Il eut un sursaut au moment où l’appui céda, et où l’habitant tomba bruyamment sur le sol. Il le regarda quelques instants, interdit. Ce crétin avait été assez doué pour se blesser tout seul, la course poursuite était gagnée d’avance ! Il regarda au dessus de lui, pour voir si personne ne suivait. Il attendit quelques instants, rien.

Il haussa alors des épaules, et s’avança doucement vers le jeune homme qui semblait ne plus pouvoir se relever ; Il sortit doucement de l’ombre, les mains dans les poches, et arrivé à sa hauteur, il se mit à le toiser un air méprisant sur le visage.

-Ding dong, il est 22H30 et le couvre feu est dépassé depuis longtemps.

Il avait parlé d’une voix assez musicale, sans agressivité.

Mais il n’en était pas moins en pétard. Contrairement aux apparences ce n’était pas pour le plaisir qu’il harcelait les habitants comme cela. C’était juste qu’il ne voulait pas se retrouver comme eux, il voulait garder tous ses avantages, et pour cela, il devait fournir un travail irréprochable, encore plus que s’il n’avait été qu’un simple gardien.

Quelqu'un sortit doucement de l'ombre, les mains dans les poches. Le regard de cette personne figea le jeune breton sur place. Un regard méprisant et sûr de soi... D'emblé, en voyant le visage de l'autre, il savait à qui il faisait affaire : au gardien en chef.
Le garçon se mordit la lèvre inférieur. Non, mais qu'est-ce qui lui avait prit de se fouler la cheville droite ! Il ne pouvait plus échapper au gardien en chef, réputé pour ne pas être un tendre...

Léopold lui dit, bizarement sans aucune agressivité apparente :

-Ding dong, il est 22H30 et le couvre feu est dépassé depuis longtemps.

Cette réplique ne tira aucunement un sourire sur le visage fin de notre petit insolent. Il se tenait toujours la cheville, et il répondit avec douceur, presque en chantant :

-Oui, mais pour une fois que le ciel était dégagé, j'avais envie de voir les étoiles...

Il s'en voulut de suite d'avoir dit ce qu'il pensait... Après tout, il était en position très délicate, et il n'avait en aucun cas le devoir de répliquer. Ce serait même plutôt l'inverse...
Le garçon se raidit, et regarda avec inquiétude le gardien. Si le gardien le frappait, étant donné qu'il ne pouvait pas bouger, il n'aurait aucune chance de pouvoir éviter ses coups...

A la réponse de l’homme, Leopold eut un sourire amusé, car il savait déjà ce qu’il allait faire pour répliquer. Si l’autre s’était excusé de suite, peut être qu’après une simple correction sous la forme d’un ou plusieurs coups de cravache il l’aurait laissé partir, puisqu’il était lui-même las et fatigué de sa journée. Mais qu’on le provoque, surtout avec ce ton de voix, il ne savait pas laisser passer. Aussi, les bras croisés sur la poitrine, il s’avança doucement d’Ewen, pour lui dire avec un air mauvais :

-Je vais t’en faire voir des étoiles moi.

Sans prévenir, il lui donna un coup de pied dans le visage. Il avait tout de même modéré sa force, histoire qu’il n’ait pas le nez cassé. Au pire, il saignerait, mais rien de bien grave. Il fit un petit mouvement rapide da la tête, pour remettre derrière son oreille une mèche de cheveux qui le dérangeait. Il l’observa quelques instants, avec un rictus cruel, pour finalement lui demander :

-Alors, tu les vois les étoiles danser autour de ta petite tête ?

Il se baissa, se mettant accroupi, pour que son visage soit à la hauteur de celui de l’habitant. Il le prit alors violemment par le col, approchant son visage du sien, sans douceur. Il plongea son regard noir sans celui du brun, et lui siffla méchamment :

-Je t’ai jamais croisé ici… Mais sache bien une chose, ici c’est ma ville, t’es dans mon territoire, et tant que ce sera le cas, tu obéiras au règles, me suis-je bien fais comprendre ?

Il le rejeta avec force, et se releva doucement, recroisant les bras. Il marcha doucement autour de son captif, qui n’arrivait apparemment toujours pas à se relever. Il ne savait s’il devait croire son histoire. L’idée même de violer le couvre feu et donc de tenter de se faire prendre pour voir les étoiles - alors qu’il aurait bien pu faire cela de son immeuble- était tellement aberrante… Mais justement, elle était assez stupide pour être vrai. Mais pour ne pas prendre de risque :

-Maintenant tu vas me dire la véritable raison pour la quelle tu étais là

Lorsque Léopold dit :

-Je vais t’en faire voir des étoiles moi.

Notre petit breton se raidit encore plus. Mais il se prit tout de même le pied du gardien en plein dans la figure. Il fut projeté un peu plus loin, et une belle éraflure apparue sur son visage, avec son sang qui commençait à couler lentement.

-Alors, tu les vois les étoiles danser autour de ta petite tête ?

Sa pour voir les étoiles, il les voyaient ! Elle tournaient en cadence autour de sa pauvre tête, et lui donnait une migraine du tonnerre. Il ne put empêcher un léger "Aie" de sortir de ses lèvres.
Il n'eu pas le temps de voir plus d'une trentaine d'étoile et de bougies lui tourner autour, car le gardien chef s'était accroupi à sa hauteur et en l'empoignant violement par le col, il dit :

-Je t’ai jamais croisé ici… Mais sache bien une chose, ici c’est ma ville, t’es dans mon territoire, et tant que ce sera le cas, tu obéiras au règles, me suis-je bien fais comprendre ?

Ewen eu le temps de hocher doucement la tête. Léopold le rejetta avec force, l'obligeant à mettre son coude droit à terre pour ne pas tomber en arrière.

-Maintenant tu vas me dire la véritable raison pour la quelle tu étais là

Ewen ne le regarda pas, de peur de s'en recevoir une autre, et murmura :

-J'étais partit pour voir les étoiles. On ne les voient pas très bien de l'immeuble ou je suis...

[ dsl, c'est court T-T]

Leopold eut un petit rire sadique en le voyant ainsi sonné. Même si son petit jeu sur les mots était il faut le dire assez pitoyable, il était fier de lui… Faisait souvent ce genre de chose. Quand par exemple quelqu’un se plaignait qu’il avait faim, il lui proposait en toute gentillesse un pain qu’il lui envoyait dans le visage. Ce n’était bien entendu pas le sens propre du terme, mais bien un coup qu’il donnait au malheureux. Il y avait aussi ceux qui avaient mal quelque part, et bien il leur faisait mal ailleurs, pour les aider à oublier leur première douleur. Mais « faire voir des étoiles » était une grande première. Il faut dire… qui dans la ville aurait eu assez de cran –ou de bêtise- pour répondre au gardien chef qu’il avait violé le couvre feu pour pouvoir voir les étoiles…

-Je t’ai posé une question il me semble.

Oui, même quand il posait des questions de façon ironique, comme celle-ci « les vois tu danser autour de ta tête », on avait tout intérêt à lui répondre. Le pouvoir lui était monté à la tête depuis longtemps, et cela lui faisait faire des choses stupides, ou réagir de façon absurde.

L’homme lui répéta une nouvelle fois être sorti pour regarder les étoiles. Leo s’était attendu à des protestations, ou à un nouveau mensonge. Il écarquilla les yeux devant un tel comportement. Deux possibilités, il était tombé sur un fou téméraire, ou bien tout simplement sur un gamin. Il prit sa cravache dans la main droite, jouant avec cette dernière contre sa botte, la titillant, la faisant glisser contre le cuir, tout en continuant de marcher autour d’Ewen.

-Et pourquoi voudrais tu voir des étoiles ?

-Et pourquoi voudrais tu voir des étoiles ?

Ah, bonne question...Ewen ne dit rien pendant environ deux minutes, pendant que Léopold lui tournait autour en jouant avec sa cravache. Pourquoi était-il sortit ? A la limite, Ewen aurait pu dire qu'il avait violé le couvre-feu rien que pour embeter les gardiens, mais cette réponse lui aurait sans doute attirée bien plus d'ennuis qu'il n'en avait maintenant. Il répondit dans un murmure :

-C'est que... J'ai toujours aimé les lumières qui dansent dans le ciel, et c'est la seule chose que j'aime en fait réellement ici...

Ewen se tut, puis reprit, la voix de plus en plus faible :

- Et puis au moins, même si elles sont, loins, ces lumières me font un peu rêver...

Réponse tipique d'un poète et d'un rêveur. Ewen étant les deux, ces réponses le montraient de façon assez significative. Mais il est vrai que ce qu'il appellait les "lumières" lui permettait un peu de s'évader de cette prison qu'était la ville. Le jeune breton tremblait, mais autant de froid que de peur, et il attendit la réaction de son interlocuteur...

D’un poète et d’un rêveur ? D’un crétin et d’un gamin plutôt oui ! Ou alors d’un suicidaire… Oui pourquoi pas, qui aurait voulu s’offrir une dernière fois le spectacle du ciel étoilé avant de mourir, pourquoi pas… Malgré tout, Leo fut légèrement déstabilisé. Les paroles du breton étaient presque mot pour mot celles que lui avait dit une fois, il y a des années, Lionel. Ah Lionel… Ces derniers temps, il pensait à lui régulièrement. Cela faisait plus d’un an, mais cela représentait pour le blond la dernière période heureuse de sa vie, celle qui avait précédé son entrée ici. Quoi que entre les deux, il y avait aussi eu sa déprime, son laisser aller. Il resta quelques instants les yeux dans le vide, les bras tombant le long du corps.

Durant tout ce temps, il se remémora les soirées qu’il avait lui-même passé sur le toit de son immeuble, quand il habitait à Londres, avec l’homme qui avait partagé sa vie durant si longtemps. Ils venaient d’acheter leur logement, et commençaient à subir la colère due à l’homophobie des gens de leur quartier. Bien qu’en apparence ils vivaient normalement, ils étaient heurtés, Leo surtout. Il avait même songé à s’enfuir, à quitter la ville, à s’installer ailleurs, retourner en Autriche… Mais Lionel lui avait dit que s’évader si loin ne servait à rien, qu’il suffisait de laisser son esprit vagabonder en regardant les étoiles pour se sentir mieux. Et tous deux, régulièrement, allaient s’allonger sur les toits pour s’évader quelques instants de la vie de tous les jours.

Il se reprit cependant, cligna des yeux, et fronça les sourcils pour jeter un regard assassin à Ewen. S’il lui avait paru sévère jusque là, il risquait d’être surpris… Car il allait maintenant assister l’une des nombreuses crises de folie du gardien chef, qui brandit sa cravache et lui donna un violent coup sur la joue, en criant :

-Voleur !

Il était persuadé que l’homme avait volé ses mots à son ancien amant, qui lui avait dit : « Même si elles sont loin, ces lumières servent à rêver », c'est-à-dire presque ce que l’homme venait de lui dire. C’était une phrase assez commune, sans trop d’originalité, mais la fatigue mélangée au stress à la peur et à la déprime ne donnait jamais un résultat très… Sain. Il suffisait de regarder Leopold pour s’en rendre compte : il était persuadé d’être tout puissant, et ne se rendait parfois même plus compte que c’était des humains qu’il manipulait et dirigeait, et non des objets.

Le gardien parut stupéfait de sa réponse. Pourtant, Ewen pensait qu'il ne l'avait pas offensé. Léopold parut se plonger dans ses pensées, et lorsqu'il en sortit, il lui jeta un regard digne d'un assassin. Ewen se raidit, mais fut tellement étonné d'entendre le gardien chef dire :

-Voleur !

Qu'il se prit la cravache sur la joue avec une telle force que sa tête cogna les pavés. A moitié grogui, Ewen tenta de se relever, mais il ne le fit pas. Sa tête le lanssait, et tout devenait flou. Il sentit toutefois son sang couler le long de sa joue, ainsi que sur sa nuque. Il pesta contre sa malchance qui l'avait fait tombé sur un pavé aux bord tranchants et pointus.
Mais le problème n'était pas là, et venait de l'homme qui lui faisait face. Il avait l'air complètement fou maintenant, et s'il continuait ainsi, le petit breton se demandait s'il arriverai à voir le jour suivant. Il se surprit à penser :

*Bah, après tout, la mort me permettra de rejoindre mon frère, et me permettra de quitter cette vie infame que je ne suporte plus...*

A la pensée de son frère, une larme coula de son oeil droit, mais Ewen se reprit, en espérant que le gardien n'ai pas vu cette petite rivière qui avait couler le long de son fin visage ensanglanté...

Leo n’eut aucune protestation de la part de son prisonnier, pas un mot, pas un geste rien. C’était comme s’il avait à faire à un corps sans vie. Et c’était peut être l’une des pires choses à faire quand il était dans un tel état. Il avait déjà assez de mal comme cela à faire la distinction entre ce qui était réel et ce qui ne l’était pas lors de ses « crises », alors si en plus on le confortait dans son idée qu’il ne manipulait pas des humains quand il était violent, il n’était pas près de revenir à lui. Il redonna plusieurs coups de cravaches assez puissants sur la joue d’Ewen, pour finalement cesser, le souffle rauque.

De son regard noir, il continuait de fixer le pauvre jeune homme qui avait eu le malheur de le croiser ce soir là. De rage, il brisa sa cravache en deux, et il jeta les bouts sur le corps inanimé du breton. Il serra les poings, et à nouveau il cria en lui donnant un dernier coup de pied :

-Voleur !

Finalement, il poussa un cri aigu, en se plaquant les mains sur les oreilles, et il s’enfui en courant. Ah il était beau le gardien chef quand il n’avait plus toute sa tête… C’était assez rare de le voir dans un tel état, qu’on lui rappel Lionel était vraiment la dernière des choses dont il avait besoin. Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi cet homme qu’il avait aimé du plus profond de lui-même l’avait laissé tombé du jour au lendemain, sans prévenir, alors que la veille encore de sa fuite il se comportait avec lui comme le plus attentionné des amants. Il ne comprenait pas pourquoi, pourquoi, pourquoi… Il courait le plus vite possible, sous les yeux effarés des quelques badaud qui le regardait passer de leur fenêtres.

Il ne savait pas trop où il allait, c’était comme s’il cherchait à fuir Ewen, comme si c’était lui qui avait été menaçant pour le gardien tout puissant qu’il était, et non l’inverse. Une chose était certaine : ce séjour à Queercity avait réussi à faire perdre la raison au très digne et distingué Leopold de la Croix.

Bien qu'Ewen n'ai rien dit, car il était a moitié en train de tomber dans les pommes, le gardien chef devenait de plus en plus violent, et il continua à donner de violents coups de cravache sur la joue de notre breton, qui ne comprenait pas cette accès de folie. Car oui, il se doutait que Léopold était devenu fou.

Lorsqu'il cessa, le gardien chef avait le souffle rauque. Il était tellement hors de lui qu'il cassa sa propre cravache en deux et qu'il les jeta sur le corps d'Ewen, qui se demandait s'il n'était pas en train de faire un cauchemard. Puis, il lui donna un dernier coup de pied en disant :

-Voleur !

Et il cria. Son cri fit frémir Ewen, dont la vision devenait de plus en plus flou. Il vit donc le gardien en chef partir en se tenant la tête entre ses mains dans un brouillard noir et rouge sang.

Ses larmes coulaient sans qu'il s'en rende compte. La douleur qui provenait de sa cheville combinée à celle de son visage en sang l'achevèrent. Il s'évanouie pour de bon...

Après quelques temps, dont nous serions bien incapable de dire si c'était des heures ou des minutes qui s'étaient écoulées, le petit breton se réveilla, et se leva en titubant. S'accrochant au mur, il rentra donc à son immeuble, pour s'allonger dans son "lit" et de s'endormir terrassé par cette étrange nuit...